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Qu'est ce que la Géo-Anthropologie ? Qu'est-ce que l'anthropologie pluraliste ?


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Impensable, impensabilité (de la société mondialisée) :
Pour penser le monde et nous-mêmes, nous avons besoin de comparer. Or dans la mondialisation, nous ne pouvons comparer à rien d'autre notre mode d'existence devenu unique , même s'il inclut d'immenses différences entre pauvres et riches. Cette impossibilité rend impensable notre monde et nous oblige à halluciner sa réalité ramené à une règle universelle.Nous nous y situons alors comme ses éléments de base. Au regard de la règle présidant aux rapports quantifiables entre nos positions comme "sujets simples", nous sommes touts strictement identiques, et seules des différences quantitatives, éventuellement nivelables, sont prises en compte. Au contraire tout ce qui relève de singularités, de qualités spécifiques, de "contenus" particuliers, devient invisible, puis impensable. De son côté le calcul des rapports entre les unités du Tout ne constitue plus une pensée, mais un automatisme. Celui-ci est parfaitement incapable de construire une pensée sur la possibilité de différences irréductibles dans le monde, ou formant un multimonde. Nous ne pourrons à nouveau penser le monde et nous-mêmes qu'en nous situant réciproquement comme partisans et praticiens de façons de vivre différentes, représentant différentes "versions de l'homme".
Voir aussi : champ conversationnel, Antagonisme, agonicité, Pluralité, démocratie pluraliste

Individualisme (du penseur) :
(voir "totalisme")

Pourquoi l’individualisme « méthodologique » induit forcément son contraire : l’adhésion aux totalismes.

L’énigme : pourquoi la plupart des grandes questions socio-historiques deviennent-elles des énigmes, des embrouilles incompréhensibles, alors que leur solution claire et solide est relativement facile ?
La réponse : parce que la quasi-totalité des penseurs ne peuvent voir leur intérêt, leur carrière et leur survie que dans le ralliement à l’interprétation collective majoritaire ou massive. L’intellectuel se trouve inexorablement bêtifié par son propre « individualisme », au sens de l’intérêt personnel bien compris.
Corollaire : seul le penseur qui, contre ses propres intérêts, assume une pensée indépendante , a quelque chance de rester intelligent et de trouver la clef d’un problème épineux, véritable nœud d’intérêts sociaux et politiques. Paradoxalement, c’est en élidant son propre intérêt (sans se sacrifier pour autant ni chercher la provocation), mais en se consacrant à la quête d’une vérité enfouie sous la masse des « ententes dialogiques » établies (y compris dans l’imposition d’un champ de conflit officiel ou licite), qu’il a une chance de rester un penseur.
Problème : la sincérité et la bravoure ne suffisent cependant pas, car cette vérité a été tellement refoulée, éloignée, triturée, déformée, enterrée, oubliée, etc., que la moindre tentation du penseur pour s’appuyer sur un penchant partagé peut enclencher la dérive vers la stupidité. C’est qu’en effet, innombrables sont les affinités collectives formant comme les pseudopodes ramenant l’originalité à une idéologie. Et comme, au fond, nous ne pouvons nous abstraire complètement du langage commun qui nous fait être des sujets sociaux, il nous est presque impossible d’empêcher complètement ladite dérive (ne serait-ce qu’en nous ralliant au cynisme, au scepticisme systématique, à la raillerie, etc.).
Malgré tout, il reste une petite marge de manœuvre, un chemin très étroit et très aléatoire (fondé sur la contradiction entre l’être et l’avoir), seulement ouvert dans certaines conjonctures et en profitant de certaines opportunités rares. Avec un peu de chance, le penseur peut s’y faufiler et trouver le moyen de soulever enfin la question juste en termes pertinents. Il y rencontrera très peu de gens, et courra évidemment le risque de voir, en cas de succès, sa pensée entièrement digérée et restituée sous forme socialement « gérable », sinon tout de suite, du moins au terme d’un processus prévisible. Au mieux, sa destinée sera alors celle de la perle produite par l’huître pour se débarrasser d’une impureté. Mais qui ira casser la perle pour retrouver la vérité ?


Ipséologie :
Mot construit malaisément d'une racine latine et d'un suffixe grec (comme socio-logie), l'ipséologie serait la discipline analysant le rapport d'un être humain à la question de la singularité. Elle ne travaille qu'en lien étroit avec les pratiques singularisant les êtres humains (personnalité, quête de soi, recherche mystique, etc.) et sans chercher à imposer un point de vue intrusif (sociologique ou nomologique). La distance analytique nécessaire pour l'observation "scientifique" n'implique pas en effet qu'on se comporte en "rapace" venu d'une autre discipline, et par conséquent d'autres systèmes d'intérêts. Il est certainement possible de faire une "sociologie de la sainteté", par exemple, s'il s'agit d'étudier la signification institutionnelle de la béatification. En revanche une personne non reconnue,non "listée" sera bien plus difficile à "sociologiser", car elle manifeste une "sortie du champ". Inversement l'ipséologie se doit de respecter "ce qui est à César", c'est à dire le fait que les êtres humains peuvent avoir des buts collectifs qui n'ont strictement rien de commun avec la quête ipséologique. L'ipséologie est néanmoins distincte de la pratique de cette quête. En tant que projet de savoir, elle s'interroge sur l'organisation interne d'une démarche "personnelle". Elle ne peut à ce titre ignorer la manière dont les personnes peuvent adhérer à des schémas collectifs, ni même la façon dont les chemins (les "voies") de chacun dans la singularité peut former des "styles" reconnaissables. A condition de ne pas se rabattre trop aisément sur le discours d'autres disciplines (sociologie, psychologie) auxquelles renvoient en partie ces styles.
Voir aussi : antisociology, Anthropology

inconscient :
Bien qu'une réforme du CNRS vienne de rayer d'un trait de plume toute existence de la psychanalyse comme discipline de science, l'inconscient n'en continue pas moins d'exister. Il existe sur divers plans et de diverses manières. Un mode d'existence incontestable mais parfaitement inintéressant pour les sciences de la culture est l"inconscient "neuronal", ou cérébral : parce qu'il est aux contenus de pensée et de parole ce que le programme de base d'un ordinateur est à un texte que l'on y écrit, cet inconscient ne nous regarde pas. Un autre lui ressemble un peu sur le plan social : il résulte des automatismes comportementaux collectifs qui résultent des formes institutionnelles enveloppant toujours "déjà" l'existence des êtres humains vivants et concrets. C'est ce que désignent Marcel Mauss ou Claude Lévi-Strauss lorsqu'ils parlent des effets de structures. Il est cependant un troisième genre d'inconscient, aussi bien individuel que collectif : il désigne une formation de pensée cachée par une autre. Toutes les civilisations et tous les sujets individuels connaissent ces mécanismes complexes qui "refoulent" une idée et la remplacent par une autre. Mais toutes les civilisations ne sont pas construites sur le même noyau de pensées, et donc sur le même type de refoulement. Par exemple, l'Occident est fondé (depuis l'antiquité tardive) sur la culpabilité ressentie à vouloir l'égalité entre les hommes au prix de "tuer" l'arbitre divin. Cette culpabilité, niée, est remplacée par une agressivité contre un coupable putatif extérieur : classiquement, le Juif, ou quiconque prétend abolir la hiérarchie. le monstre, le terroriste ou le tueur en série appartiennent... à cette série des bouc-émissaires (Jésus, contrairement à ce que dit René Girard, n'en était pas un : il était le porteur de la possibilité pour Dieu de connaître lamort et donc de partager l'humanité).
Il existe d'autres formes de refoulements liés à la culpabilité qu'on ne peut projeter à l'extérieur : la peur de la maladie ou de la catastrophe, par exemple, si présente en univers "wasp". Il existe enfin d'autres formes d'inconscient : comme celui qui surgit en civilisation chinoise du fait de se savoir partie d'un processus de localisation et de temporalité cosmique, qui fait du "père"un point dans un cycle (et non un arbitre suprême). D'où le refoulement de toute idée de "trou", (autre que le moyeu céleste), de "gap", de liberté isolée, d'imprévisibilité, etc. On conçoit dès lorsque si l'inconscient produit la culpabilité en Occident, et la désorientation en Orient, on ait pu avancer qu'il ne s'agissait pas du même, voire que les Orientaux étaient "inanalysables". Il s'agit sans doute d'une erreur de perspective : on ne peut en effet analyser l'inconscient de la culpabilité avec les mêmes attendus que celui de la désorientation. Mais il s'agit bien, dans les deux cas comme dans d'autres, spécifiques de diverses parties du monde, de modalités de l'inconscient comme lieu imaginaie et symbolique de ce que l'on ne peut supporter de se représenter.

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