Dans un registre de plaisanterie, nous dirions que la géo-anthropologie est la discipline armée d'un énorme crayon, et qui recouvrant la surface de la Terre d'une feuille de papier, consisterait à "crayonner" et à voir apparaître, avec un étonnement enfantin, le profil d'un royal émetteur de monnaie ! En l'occurrence, le personnage qui apparaîtrait ressemblerait à l 'homme de Léonard de Vinci, tentant à bout de bras et de jambes de réaliser la quadrature de cercle. C'est en effet à une telle tension entre quatre pôles (en négligeant la tête) que ressemblerait l'effet de la culture sur l'histoire planétaire de l'espèce humaine : partie d'isolats de relations complexes comme on en trouve chez les autres primates, la culture humaine tendrait à se condenser et à simplifier, par le miracle de la métaphore comme acte spécifiquement humain, sous forme d'une conversation entre plusieurs pôles symétriques.
Nous ne plaisantons qu'à moitié : de même que Kant et Hegel pensaient que la nature ou l'esprit usaient de ruses pour parvenir à inscrire la destinée humaine dans l'histoire comme destinée de la raison, nous croyons que quelque chose d'une "cause finale" (mais non d'une fin de l'histoire) surgit du phénomène culturel en général. Est-ce l'égalité, comme tendait à l'indiquer Lévi-Strauss dès "les structures élémentaires de la parenté" ? Nous pensons qu'il s'agit plutôt de pluralité, mais de pluralité considérée comme symétrie entre des "passions" ou des façons d'envisager la vie et de vivre.
La plus grande folie de notre proposition (qui n'avait pas été tentée jusqu'ici sauf sous les formes négatives et parfois racistes des philosophies politiques du XVIIe au XXe siècle) consiste à postuler que la culture "choisit" de se constituer en conversation non seulement sur un plan symbolique ou imaginaire, mais en utilisant le "Réel" de la division des aires géographiques. Nous récusons évidemment toute interprétation visant à entériner l'inégalité parmi les hommes à partir de conditions physiques, et nous souscrivons à l'effort magnifique des déclarations des droits de l"homme sur ce point. D'ailleurs, ce n'est ni l'humanité ni l'espèce humaine que nous voyons ici concernés, mais la notion de "société mondiale" qui est d'abord une société de sociétés, c'est-à-dire une incarnation de l'essence pluraliste de la culture. La géo-anthropologie prend acte de cette pluralité, mais aussi de sa tendance à s'exprimer aussi bien sur le plan spatial que temporel. L'histoire humaine, notamment dans les dernières centaines d'années qui ont vu s'amplifier les mouvements et relations entre parties du monde, consisterait en partie à "installer" un cadre conversationnel au travers d'une série d'essais-erreurs. Ce cadre -ainsi que dans tout amphithéatre politique - a besoin d'une répartition physique des positions : les positionalités qui sous-tendent en fait les différences culturelles malgré leur apparence purement empirique et contingente, sont aussi des positions géographiques !
Ainsi, ce n'est sans doute pas un hasard si l'ouest et l'est du continent eurasiatique se sont déterminés l'un pour la préoccupation majeure pour la mesure des rapports, et l'autre pour la fascination par les questions de l'identité localisable. Ce n'est pas non plus un hasard si les plaines et plateaux situés entre les deux se sont vus occupés par la question de la conflictualité entre sociétés pouvant constamment, par leur mobilité, empiéter les unes sur les autres. Il n'est pas non plus absolument contingent de découvrir que l'essentiel des socialités concernant le Familier ont de très nombreux éléments communs sur ce même continent, alors que l'Afrique subsaharienne semble représenter un concept original du Familier et du Villageois.
Nous souhaiterions d'une part inviter les personnes récusant la totalité mondiale à aller de l'avant pour s'emparer de la question de la pluralité des positions (incluant modes de vie et de production), plutôt que de rester "accrochées comme des bernicles" aux formations intermédiaires comme les Etats-Nations, qui ne sont après tout aujourd'hui que des relais de l'unitarisme autoritaire.
Nous aimerions d'autre part inciter les penseurs et chercheurs de notre époque à se risquer hardiment (mais en toute prudence déontologique et éthique) sur cette dimension trop peu explorée, en partie à cause de tabous, et en partie à cause de la structuration des disciplines des sciences de l'homme et de la société, largement figées par les résultats d'une "guerre froide" académique et professionnelle. Notamment autour des questions suivantes :
-Comment se forment des apparentements entre positions théoriques, religieuses, philosophiques, de droit, etc. et des aires géographiques ?
-Comment, dans le contexte d'une culture mondiale en formation aux côtés des cultures plus régionales ou locales, pourraient se juxtaposer aux territoires souverains actuels, des territoires nouveaux, peut-être déréalisés, ou de nature discontinue ?
-Et dans ce cas, comment une "anthropologie pluraliste" peut-elle continuer, face à une telle "société-monde" à tendance unitaire, à rendre compte de la pluralité, comme autre face, nécessaire, de la géo-anthropologie ?
Geo-anthropology.com
Capitalism-end.com
anthropologie-pluraliste.fr
pluralistic-anthropology.com
pluralist-anthropology.com
geoanthropologie.fr
global-socialism.com
anti-sociology.com
(les notions de "capitalism end" et de "global socialism" ne réfèrent à aucune orientation idéologique de type partisan : elles sont avancées comme propositions théoriques liées à l"unification technobureaucratique en cours de la société-monde, qui, selon nous, a déjà dépassé le stade conceptuel du "capitalisme". Les domaines sont réservés en fonction de la plausibilité grandissante d'un débat sur cette réalité encore peu perçue. Voir les articles du blog "crise du capitalisme", et notamment "le capitalisme est mort depuis longtemps; attention à l'électrodémocratie !)