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Ces livres ont été écrits dans les cinq dernières années. Ils constituent deux groupes :
Les ouvrages de philosophie et d’anthropologie politique, et les romans d’anticipation.
Ces deux ensembles sont complémentaires : Denis Duclos y explore, en suivant la loi de chaque genre, le thème de la « pluralité » comme avenir nécessaire d’une mondialité oppressante.
La pluralité n’est pas la « diversité » chatoyante, superficielle et finalement très intolérante du supermarché des Bobominets abreuvés, telle une caste de faux-bourdons privilégiés, à la source sucrée des « liquidités » financières et publicitaires.
C’est un ordre mondial découlant d’un pacte futur entre grandes façons autonomes de vivre ensemble, ces dimensions « anthropologiques » n’étant pas en nombre infini, mais s’opposant à partir de quelques passions irréductibles divisant chaque Humain au cœur de lui-même : l’urbanité, la nature, la culture, la technique.
Encore qu’un partage du monde entre territoires dominés chacun par l’une de ces passions ne suffise pas, puisqu’il serait rapidement investi par de nouvelles bureaucraties, ces tendances presque insurmontables à l’assoupissement collectif, au dortoir planétaire de la non-mort (ce rêve « pour Tous » du pouvoir absolu). Il faut donc imaginer un facteur de mouvement, de dérèglement, de réveil, de survie : ce que l’auteur retrouve dans le personnage du « Frangin », bien nommé s’il en fût puisqu’il vit sur les franges …
Le lecteur aura compris qu’il s’agit ici de la face « romanesque » d’un travail théorique systématique élaboré par ailleurs.
Dans ce second volet, a d’abord été travaillé, avec une sorte d’acharnement à l’encontre des modes, l’histoire et la géographie de la pluralité (diachronie et synchronie du phénomène), telle qu’elle paraît être une solution indispensable à toute installation dans le paradoxe inéluctablement associé à l’autoréférence, à l’unité, l’unicité et l’unarité découlant de toute TOTALITE humaine (qu’elle ait été royale, impériale ou désormais planétaire). La pluralité de nos passés, bien que toujours vouée à être noyée dans de nouvelles totalités plus larges, peut faire leçon : elle semble avoir été toujours la façon la moins coûteuse et la moins souffrante d’échapper à la folie et au mutisme d’états où la parole n’est plus possible, par manque de comparaison disponible ou licite. C’est pourquoi, les livres proposés explorent un parallélisme entre une historialité de la parole, à l’intérieur des conversations qui déterminent une destinée cyclique, et une historicité des faits de culture : ainsi de la pluralité des monothéismes en Occident, ou de celle des philosophies de l’identité en Orient. Ainsi des conversations que, finalement, incarnent de grands Etats-Nations, qui sont autant de … positions en dialogue souvent conflictuel. Dans ce registre, l’auteur en vient bien à proposer une forme future de pluralité mondiale gérant à sa manière l’oxymore qu’elle présente inévitablement, en insistant sur le travail révolutionnaire qui devrait parvenir à substituer un régime de souverainetés partagées à celui, totalitaire par essence, des Etats-Nations et de leur production commune : l’Etat-Monde. Mais il incite alors le lecteur à retourner aux Romans, où cette anticipation peut se nourrir d’un imaginaire beaucoup plus vif, y compris en se libérant d’une lourde tâche programmatique. Celle-ci, Denis Duclos en fait l’aveu, doit être entreprise par d’autres, de bien plus Jeunes. Au moins leur aura-t-il laissé, en tant que savant chenu et quasi-sage averti par de longues années de questionnement et de maturation, quelques pistes de rêve autant que de réflexion, aptes à soulager quelque peu le travail titanesque qui les attend : remodeler de façon viable notre habitation de la Terre, cette merveille isolée, sinon unique dans l’espace glacé, perdue parmi ses explosions stellaires si nombreuses et si lointaines.
2. Livres parus aux Editions La Découverte, Presses Universitaires de France, Payot-Rivages, Poche-Agora, J’ai Lu, L’Harmattan, Nikta, Berg International, Daedalo, Anthropos, (etc) entre 1996 et 2007.
Ces livres, également disponibles sur Amazon et chez votre libraire, forment en quelque sorte, une préhistoire de la « fournée » la plus récente. Elle est également balancée entre le registre théorique (la question de la pluralité des passions et des grandes dimensions anthropologiques), et le registre romancé (cette fois projeté dans un semi-passé mythique et des îles caribbéennes inventées, ou dans une Provence vulnérable à toutes sortes d’occupations monstrueuses, mais où toujours se trouve posé, de façon lancinante et passionnante, le problème de la pluralité de n’importe quel monde soutenable).
Ah, encore un mot : Denis Duclos tient à profiter de cette notice pour honorer quelques personnes pour lesquelles il avoue (et voue) une grande affection, réponse presqu’animale au soutien qu’il a cru en recevoir au travers de leurs œuvres magnifiques, empreintes de savoirs immenses et d’une inhabituelle humanité généreuse .
Du côté de l’esprit de sérieux (mais que ces auteurs savaient torpiller à leur façon) : Jacques Lacan, Claude Lévi-Strauss, Michel Foucault, Mary Douglas, Michel Freitag, et, allons, Alain Caillé (« bien que nous nous disputions encore à propos de son grand projet convivialiste»). Du côté du roman -et de celui qui compte, n’étant pas prisonnier du salon littéraire et de ses censeurs de cour, caniches mordeurs au service de la petty noblesse de loft- je retiens quelques Anglo-Américains : Aldous Huxley, Terry Pratchett, Jack Vance, le géant Philip K. Dick, John Kennedy O’Toole, et quelques Grand-Russes heureusement morts avant que Djougachvili ne les mange. Etrange, non, cette division du travail : des Européens penseurs, des Anglophones et Russes rêveurs ? Duclos-la-franchouille aura essayé de tresser un lien, de combler ce gap, suivant l’adage répété par une belle voix grave dans le métro de Londres : « Mind the gap ! Mind the gap ! », pour éviter les suicides par glissade involontaire sous le « Tube », cette modernité déjà ancienne, qui s’arrête si peu pour nous attendre.
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