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Un danger pour la civilisation humaine : le totalisme inhérent à l’internet numérisé.



Le pouvoir écrasant des grandes organisations technicisées sur l’ensemble des citoyens du monde est une tentation beaucoup trop forte pour être compensée par des déclarations vertueuses de la part des managers de start-up, d’opérateurs, de plateformes, etc. Ils ne maîtrisent pas plus cette passion collective que nous-mêmes. Ils sont seulement dans une cabine de pilotage dont ils ne savent pas eux-mêmes à quels ordres elle obéit réellement. En général complètement -et volontairement- ignards en sciences humaines, ils ne comprennent absolument pas que la culture langagière de notre espèce est fondée sur une faille logique qui nous pousse à trouver des « solutions » opérationnelles dans toutes les directions, et à nous regrouper surtout autour de celle qui semble, à telle époque, plus miraculeuse que les autres. Ils ne comprennent donc pas qu’ils sont les agents les plus virulents d’une folie humaine localisée dans la culture collective, et dont le « soin » est très difficile, au plus loin des emportements massifs qu’implique tout CRATOS (pouvoir absolu), fût-il celui du DEMOS (la masse dénombrée et disciplinée).

Selon une logique qui répond en apparence toujours à des injonctions externes (que ce soient les Etats, les services secrets, les polices, les démagogues sécuritaires, la concurrence, la baisse de la conjoncture économique, la volonté aveugle des actionnaires, les indications des « marchés », etc., ou encore l’idéologie démocratique et libérale de l’ubérisation), l’orientation effective se fera toujours dans le sens d’un plus grand pouvoir du TOUS sur le CHACUN.

Or le résultat de cette poussée quasi-invincible est une régression et non un progrès, et les institutions chargées de limiter la tyrannie telle qu’elle s’est manifestée à chaque étape historique ne sont absolument pas capables de soutenir ce tsunami culturel.

C’est la raison pour laquelle, il est urgent que chacun, précisément, qu’il soit un individu ou un petit groupe de solidarité, apprenne à se défaire concrètement de la dépendance et de la transparence toujours plus approfondies que produit le déferlement numérique.

Ne nous leurrons pas, nous sommes déjà tous géolocalisés par nos portables (à moins d’enlever leur batterie et de les envelopper de papier aluminium), les réseaux alternatifs sont tous infiltrés (quand ils ne sont pas des pièges, comme TOR ou Duck Duck Go), les écrans vous filment sans votre accord - réalisant le programme orwellien de 1984, les puces rfid se généralisent depuis votre supermarché (qui peuvent retrouver chez vous le moindre T shirt acheté il y a un an), la puce sous la peau -obligatoire pour vos animaux- est déjà de règle dans certaines armées robotisant leurs soldats « augmentés » (l’expression, poussée par les jeux video, étant parfaitement fallacieuse). Aucun déplacement préparé ne peut plus se réaliser sans être nominatif : la possibilité d’acheter un billet de train sans donner vos coordonnées se raréfie de jour en jour : nous en serons bientôt à la situation des soviétiques ou des esclaves des temps tsaristes qui devaient déclarer leur moindre changement d’adresse aux commissariats. L’argent anonyme se raréfie au point où les banquiers commencent à populariser l’idée d’une suppression des billets et des pièces, Etc, etc.

Quant aux maigres éléments d’autonomie introduits par l’informatisation (ordinateurs personnels, etc.), ils sont aujourd’hui retournés en éléments de dépendance : les puissances que vous étiez en droit de fuir (chaînes de télé, publicistes, propagandistes étatiques, etc. viennent à vous, au plus près de votre intimité, à chaque fois que vous choisissez un blog, un programme. Les cookies -autoritairement imposés- aspirent des flux gigantesques de données personnelles qui seront conservées indéfiniment afin de construire une image virtuelle de la destinée de chacun. Il en est espéré un résultat proche de ce qu’avait anticipé Philip K Dick (repris par Spielberg) : une capacité de prévision complète de vos intentions et de vos actes !

Le simple fait de froncer les sourcils dans le métro pourra être retenu contre vous comme élément d’un schéma global de comportement « dépressif » ou « agressif » esquissant le « profil d’un loup solitaire» rêvant de faire sauter une bombe dans un supermarché…. !

Nous sommes donc entrés dans le monde d’une science-fiction banalisée, et pourtant fondée globalement sur un idéal partagé par le TOUS qui est caché dans le cerveau pré-adolescent des ingénieurs fous qui nous gouvernent en réalité, et ceci même sans le savoir. Un véritable boulevard pour l’idéal du totalitarisme futuriste !

Il faut donc nous détacher et le plus complètement possible ! Plus nombreux et plus rapidement le ferons-nous, et davantage de chance accorderons-nous à une réorientation raisonnable de notre civilisation-monde, sans effusion de sang massive. Car il est évident que cette tendance folle, presque démente et qui s’ignore comme telle au nom de la puissance globale du Peuple mondial, ne peut que conduire à une révolte d’ampleur considérable. Mais celle-ci ne pourra être qu’épouvantablement sanglante face aux moyens accumulés, à la façon dont la population militaire a été offerte en holocauste à l’enthousiaste conquête industrielle du monde avant 1914. Sauf qu’il s’agira cette fois de la population civile, comme le montre déjà le drame des réfugiés migrants.

La solution n’est pas encore construite, ne serait-ce que parce que la conscience du caractère délirant du totalisme technocratique n’est pas encore éveillée au niveau pertinent. Mais on peut déjà facilement esquisser ses grandes lignes : elle résidera nécessairement dans la légitimation d’un ordre constitué par l’équilibre entre la puissance technologique considérée comme façon de vivre, et d’autres modes de vie choisis. Dans une répartition territoriale future, la toute puissance technologique ne doit pas occuper la planète entière, en laissant seulement quelques «parcs humains » (pour reprendre l’horrible expression de Sloterdijk). Elle devra se retirer d’un moins trois autres territoires mondiaux qui ne lui appartiennent pas : celui de la vie vouée aux relations de familiarité, de solidarité proche, et qui excluent la dépendance à de grands moyens. Celui de la culture, dont les hauts lieux de réflexion, de méditation, de vie simple, de conversation, de poésie, de recherche pure, etc.. ne doivent absolument plus être gouvernés comme aujourd’hui par la logique instrumentale des technocentres. Et enfin, le territoire de la nature non domestiquée, concernant aussi bien les humains décidant d’y vivre que les autres espèces animales. Pas question, là encore de se laisser enfermer dans une sorte d’arche de Noé du futur. Le monde technologique et sa puissance doivent s’arrêter et limiter leur territoire avant d’avoir fait disparaître la majorité de la nature sauvage, y compris celle des Humains ! Elle ne doit pas contraindre CHACUN à devenir un clone « augmenté » et manipulé génétiquement, même si elle doit pouvoir le faire pour ceux qui choisiront cette folie infantile pour eux et leurs propres descendants.


Vendredi 19 Février 2016 - 11:42
Samedi 20 Février 2016 - 15:31
Denis Duclos
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