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Pourquoi Onfray finit-il par défrayer (et pas seulement la chronique) ?

Pourquoi n'est-il pas si facile d'être un anti-chrétien conséquent ?
Sans doute parce que la société moderne issue du rêve occidental ne peut pas aisément se débarrasser d'un des actes les plus importants de la philosophie ambiante : son assomption, via le "message chrétien" subliminal, que seule l'égalité entre les hommes, doive-t-elle être mécanique, peut les sauver de leurs turbulences infernales. Autrement dit, on a beau avoir passé plusieurs décennies à soutenir, en historien de la philosophie, les résistances au christianisme, et même fondé une sorte de contre-église à vocation d'université populaire, on n'est n'est pas moins resté au fond marqué par un stigmate irritant : on porte toujours en soi une violence dépurative, un besoin de tourner autour de l'assassinat salvateur de l'égalitarisme (de Marat par exemple).



Et finalement, il faut bien faire son « coming out », sous peine de névrose somatisée.
A ce point crucial, Michel Onfray, pur produit du catholicisme le plus ranci, n’a finalement pas réussi à conduire sa révolte anticléricale au-delà d’un classique renvoi de haine sur l’Autre : il attaque Freud, et donc, qu’il le veuille ou non, qu’il le sache ou non : le juif. Et cela malgré de véhémentes dénégations, de virulentes accusations ou des rages assassines affichées à l’encontre de tout ce qui pourrait s’avouer « fasciste », voire « antisioniste ». Hélas, on peut présumer qu’à l’instar de son ennemi intime Dieudonné, il s’y enferrera de plus en plus, parce que cette fascination relève d’un réflexe plus que vital pour lui : c’est qu’il ne suffit pas pour échapper à l’enfer de Giel, de fustiger la corruption morale du Chrétien. Car Chrétien, alors, on le reste au fond, en ce sens précis d’avoir à porter la culpabilité d’avoir abaissé le père pour promouvoir le fils. Encore faut-il, pour se débarrasser de cette culpabilité rentrée, la faire finalement porter à ceux dont on suppose qu’ils n’ont justement pas eu, comme lui-même, à travailler le fantasme de la mort du père éternel (puisque à la différence des Chrétiens, ils ne l’ont pas tué ni amoindri au profit du fils). Et à qui s’attaquer alors, sinon à celui qui, notamment dans L’homme Moïse et le Monothéisme, reconnaît au christianisme ce privilège entre toutes les religions, que de s’être attaqué au père du point de vue du fils ?

Tout en proclamant son rejet de la soutane, Onfray, néanmoins souvent tout habillé d’un noir qui n’évoque pas tant l’anarchie et la liberté que le froc, est donc irrémédiablement resté coincé dans cette ornière presque bi-millénaire, même si Nietzche en a réactivé il y a déjà longtemps la voie, d’ailleurs avec un talent autrement plus intense que notre séminariste anti-curé.

Non, la psychanalyse n’est pas hallucinogène : c’est plutôt le cas de celui qui, comme tout catholique rentré ou pas, conscient ou pas, volontaire ou pas, doit porter le fantasme de la reconnaissance de l’Homme dans la nature, c’est-à-dire celui de l’égalité Créateur-Créature, et donc la culpabilité imaginaire d’avoir castré le premier et d’en être castrée comme la seconde.
Hallucination proprement psychotisante de celui qui récuse si totalement cette responsabilité d’une possible démocratie dans la création, d’une présence d’un regard humain dans la nature elle-même, qu’il ne peut en attribuer la paternité qu’à la religion ayant inventé ce personnage, et à tout Père qui s’y profile, tel Freud.

Loin de moi l’idée de me faire l’avocat des monothéismes, porteurs de tant de furies fanatiques, de tant de guerres, de tant de stérilisations et de morts, de tant d’interdits et de chasses à l’Autre. Cependant, ne faut-il pas aussi admettre que dans la classe des grandes institutions toujours et partout monstrueuses que l’humanité sait si bien s’infliger sur de longues périodes, l’Occident, ou ce qu’on appelle tel, a choisi de représenter le divin comme personnel, tandis que l’Orient décidait plutôt de contempler le mouvement cosmique impersonnel ? Et dans ce cas, pourquoi le second positionnement serait-il automatiquement meilleur que le premier, ou encore que des conceptions animistes locales ?
Est-ce vraiment le monothéisme, construisant la fable simple d’une divinité comme presqu’humaine en tant qu’elle doit juger des autres hommes, qui est la cause de tous les maux ? N’est-il pas simplement la tentative –au fond méritoire à sa façon- d’instaurer une conception du monde dont l’arbitre de type humain ne soit pas exclu, ni soumis à des forces sentimentales et physiques pures, météorologiques, mais inaccessibles aux critères humains du jugement, Yin et Yang, par exemple ?

Et si l’on admet que la psychanalyse est bien aussi une affaire juive, alors ne faut-il pas considérer que c’est d’abord parce que les juifs ont été les boucs émissaires favoris des Chrétiens depuis quinze siècles, sur qui rejeter sa propre faute d’avoir humanisé les dieux, après avoir dans l’antiquité tenté vainement de diviniser les hommes ? N’est-il pas normal que, lorsqu’on entre dans la période la plus noire de l’industrie bouchère (au XXe siècle), et celle où la culpabilité d’avoir égalisé les hommes en les castrant devient d’autant plus irrépressible que c’est désormais à la machine équarrisseuse qu’on laisse le soin d’élaguer tout ce qui dépasse, tout ce qui diverge, que ce soit un juif, Freud, athée néanmoins et s’adressant à la science, qui indique une voie de dérivation de la haine ? Une voie de sublimation de la pulsion mortifère qui caractérise si fortement la chrétienté, et de plus belle depuis qu’elle est devenue athée ? Peut-être le juif Freud sait-il bien d’avance –sans vouloir le savoir et même en flattant l’agent britannique stipendié nommé Mussolini- sur qui la nouvelle rage mécanisée va tomber, une fois encore ? Peut-être n’invente-t-il la psychanalyse que pour indiquer comment fonctionne en général en monde chrétien la culpabilité, soit pour désigner, chez l’hystérique, le soit-disant père violeur, soit chez le paranoïaque, le père-tueur ? Peut-être ne « découvre »-t-il la psychanalyse que pour éviter que des millions de post-chrétiens naissant et vivant au moment propice pour la haine mécanisée, ne se déversent automatiquement, à l’âge de leur coming out, dans l’avenue de leur inconscient individuel autant que collectif ? A savoir : l’antisémitisme comme entonnoir des haines de soi projetées vers l’extérieur ?

Ce que ne sait pas, ou ne veut pas savoir Onfray, c’est que l’athéisme, son athéisme, n’est que le dernier avatar des monothéismes qu’il décrie. C’est la version finale, ultime, entièrement débarrassée des personnages humains (conceptuels ou non) derrière une égalité proprement mathématisée et informatisée. Je veux bien qu’on se révolte contre cette égalisation inégalitaire poussée à l’extrême jusque dans le non-humain, et qui rejoint d’ailleurs par là les philosophies orientales les plus cyniquement empiriques. Mais pourquoi, alors, se retourner en montrant les dents contre ceux qui ont précisément tenté de ralentir ce mouvement d’inhumanisation ? Pourquoi se retourner contre Freud lorsque –tout indubitable conservateur qu’il fut politiquement par ailleurs- il nous incite à débonder nos haines inconscientes, notre pulsion thanatophilique ? Lorsqu’il nous incite à reconnaître que la vie elle-même, dont la sexualité est un ressort essentiel, hésite entre la compétition enragée et l’amour, et alimente nos rêves les plus cruels mais aussi les plus terrifiés ? Il y a, dans la rage d’Onfray, quelque chose qui, parce qu’il ne veut pas s’analyser, récuse du même coup la psychanalyse comme tentative assez civilisée de supporter nos obligations démocratiques. Car, pour le dire simplement, ce n’est plus le monothéisme notre problème, c’est celui, réduit à l’os, qui a été depuis toujours la cause des monothéismes : le scandale psychique que constitue toujours le fait d’avoir à castrer la génération précédente pour faire la place de l’actuelle.
Et je crains que, dans le cas de Michel Onfray, l'analyse du "crépuscule de l'idole" ne soit qu'une mouture de plus de l'annonce jubilatoire par le fils de la mort du père, annonce d'autant plus tonitruante que le père en question avait précisément bien montré le danger d'y parvenir dans le réel, pour autant qu'au fond, nous sommes nous-mêmes guettés par nos enfants.
N'est-il pas plus sage d'admettre que, pour que l'enfer ne soit pas les autres (pères comme fils) nous devrions plutôt laisser une place à la tolérance mutuelle ?

Denis Duclos,
Anthropologue, directeur de recherche au CNRS

(lire aussi l'excellent article de Guy-Félix Duportail dans le monde du 7 mai 2010 : lien ci dessous)

Samedi 17 Avril 2010 - 02:17
Vendredi 7 Mai 2010 - 19:01
Denis Duclos
Lu 6930 fois


1.Posté par mathieu blesson le 21/04/2010 11:10

Lorsqu'Onfray défraye, c'est bien qu'à sa poursuite un certain nombre embraye. D'accord pour ses qualités d'avatar dernier cri du monothéiste qu'il affirme cependant philosopher à coups de marteau. Mais plutôt que de contribuer à le rendre célèbre à toujours le désigner en personne, ne faudrait-il pas y lire entre les lignes l'indice supplémentaire d'un facteur plus inquiétant encore en ce que la pensée de cet auteur ne fait qu'aller au fond dans le sens du vent scientifico-religieux qui, depuis un certain temps déjà, souffle à tout rompre sur notre époque ?
Révélant ainsi à qui veut l'entendre que l'heure serait plutôt au triomphe de la religion (Lacan) qu'à celui logico-mathématique de la Vienne freudienne. La psychanalyse n'étant dès lors tout simplement plus la bienvenue tant ses qualités de symptôme apparu à un certain moment de l'histoire occidentale se trouvent à présent relayées par un autre traitement du malaise dans la culture. Une barbarie à visage humain (BHL) en somme qui, d'être formatée collectivement à partir d'une écologie salvatrice/messianique, s'appuierait cette fois-ci sur le discours scientifique pour justifier ce qui du religieux est à présent en mesure de répondre à nouveau au mal-être dont l'homme est frappé depuis toujours sitôt qu'il se trouve aux prises avec l'impossible du langage.
Cela permettrait au moins de se sortir de l'ornière imaginaire à laquelle ne manque de renvoyer systématiquement la parole de l'un contre celle de l'autre - fussent-elles éclairées.

2.Posté par denis duclos le 06/05/2010 22:06

Je vous remercie pour cette intervention fermement tenue. En défense, je dirai que je ne cherche pas à faire connaître un personnage qui n'a pas besoin de moi pour exister médiatiquement, et depuis longtemps.Mais, comme le dirait Onfray lui-même, il existe dans l'histoire des 'personnages conceptuels' qui illustrent des positions pertinentes et consistantes. Et en effet, si ces positions ont un sens, elles sont 'embrayables'pour le grand nombre. D'après ce que vous dites, on pourrait penser qu'Onfray est porté par l'époque dans son attaque de la psychanalyse. Je tendrais à l'admettre, ainsi que la raison que vous en donnez :la quête d'une nouvelle religion/science s'édifiant sur les décombres du positivisme des siècles précédents. Cela dit, cela me pose quelques problèmes de logique,ou plutôt de concordance des temporalités.Pour le dire aussi clairement que possible, vous semblez opposer une invariance culturelle de très longue durée (et que vous dénotez comme : 'l'impossible du langage') et une variance dans l'Histoire courte :celle qui pousserait à actualiser une idéologie datant d'un peu plus d'un siècle.
Un malentendu possible porte sur le fait que, de mon côté, il existe des temporalités intermédiaires entre la très longue durée anthropologique (l'accès de l'espèce humaine au langage) et le temps court des mouvements séculaires. Ainsi, les quelques millénaires des religions monothéistes forment-ils des structures puissantes de modelage des sociétés et des individus, telles qu'elles sont probablement peu atteintes par les oscillations de l'ordre de la centaine d'années. Et, de ce point de vue, il existe une sorte de pérennité 'moyenne' des catégories culturelles qui en relèvent. Je prétends par exemple que la problématique des monothéismes (que je complète de l'athéisme qui n'en est qu'un avatar) est toujours actuelle, précisément sous sa forme de gestion comptable de tous par la totalité sociétale. Comme le prévoyait Durkheim (qui en était l'un de ses agents) la Société devait remplacer Dieu, et l'antisocial l'impie. C'est plus que jamais le cas, ce programme se réalisant à l'échelle intégrée du monde, en utilisant comme vous le soulignez fort bien, l'idéal de nettoyage écologique, et plus généralement l'obsession hygiéniste et l'angoisse de tous les risques. La psychanalyse, dans ce progrès de la même démarche millénaire, est effectivement un obstacle, parce qu'elle représente la limite la plus incontestable de la science... dans une théorie scientifique de la scientificité... Que dit-elle, en substance, dans la plupart de ses variantes ? Que toute affirmation de soi dans les catégories langagières achoppe sur l'impossibilité de ces catégories de rendre compte du réel. Même les catégories les plus mathématisées. Elle démontre finement, dans toute l'expérience analytique, que les personnes, avant tout, souffrent de cette difficulté, non seulement parce qu'elles ne parviennent pas à se situer comme catégories, mais parce que cette impossibilité leur semble dramatique, insupportable, comme si leur être même était pour ainsi dire néantisé par elle. Vous avez raison d'observer que ce malaise consubstantiel de l'espèce parlante a été 'traité' par le religieux. Mais si l'on accepte de considérer que le scientisme comme valeur n'est que la mouture actuelle du même projet très occidental, depuis au moins 2000 ans, alors le personnage conceptuel qu'est Onfray en roue libre n'a rien de nouveau en soi. Il est simplement l'un des agents de l'actualisation de la même continuelle démarche. Je vous accorde, en revanche, que sa mise sur le marché intellectuel en pool position tient à ce que la psychanalyse a d'ores et déjà (avec d'autres éléments de la résistance morale et esthétique au fascisme technoscientifique) été placée en position de défensive , et que c'est l'heure de la curée, ou plus précisément celle des chiens de curés (qui, à l'occasion, dévorent aussi leurs anciens maîtres condamnés comme pédophiles).
Que vous observiez cet moment crucial de la bataille et en première ligne est non seulement légitime mais courageux et fort utile. Laissez moi, en revanche, profiter de l'avantage de l'âge pour prendre un peu de recul en soutenant ceci : il est possible que l'époque marque une rupture bien plus importante et imprévue avec tout ce grand monument de la métaphore de la vérité mesurable des biens et des maux, et de l'équation salvatrice, forme ultime du Christ. Il est donc possible qu'Onfray ne soit qu'un marqueur d'une fin de bimillénaire, l'époque suivante, qui s'ouvre peut-être sous nos pieds, étant caractérisée, dans son essence, par la nécessité de trouver, pour survivre, des alternatives radicales aux grandes croyances ravageuses du passé, un personnage conceptuel aussi crépusculaire que minuscule. Je ne sais rien de ces alternatives, n'étant pas prophète, mais je peux au moins postuler que, venant en opposition frontale à la forme la plus concentrée et la plus explosive de toute notre tradition, elles ne pourraient que faire valoir tout ce qui est oppressé par ce qu'il faut bien appeler le Système. Autrement dit, s'il faut lire quelque chose de nouveau dans l'actualité, ce n'est certainement pas du côté des mutations du technico-religieux ou du scientifico-rituel, mais bien plutôt de celui de la libération de manières de vivre différentes les unes des autres, non rassemblées sous une houlette quelconque, et capables de se légitimer dans un droit autoprotecteur.
Au fond, je suis d'accord avec vous : il faut se garder du nouveau messianisme écolo-scientifique (sans pour autant se rallier aux négationnismes du changement climatique). Mais il faut aussi peut-être, ne serait-ce que pour garder quelque espoir dans notre espèce, entrevoir aussi, en même temps, les linéaments de la résistance de demain. Ce serait adopter une interprétation bien pessimiste de la psychanalyse que de lui prêter le discours d'une nécessité subjective absolue de pallier le malaise culturel par une prolifération irrépressible du sciento-religieux. Personnellement, je crois que la culture comporte certains éléments de résistance pluraliste à la tendance infantile à se rassembler dans la grande machine asexuée contre le symbole paternel. Je crois que la culture 'adulte' est capable de devenir réflexive et de circonvenir le monstre-infans qui en chacun de nous ne rêve que de s'aboucher et de s'articuler entre contemporains pour interdire tout choix de société, tout droit d'arbitrage souverain. Et c'est parce que j'y crois que je ne pense pas la psychanalyse dépassée ni dépassable. En revanche, que tous les fonctionnaires ou les marchands de la pensée qui ont exploité, toute honte bue, la psychanalyse comme un fonds de commerce corporatif, soient amenés à changer de discours, et se renient à grande vitesse, cela ne m'étonne guère. Que les lâches et les traîtres s'y multiplient, cela est prévisible. Mais est-ce important ?

3.Posté par Debra le 20/09/2012 12:24

Echange intéressant.
Il y a deux jours, j'ai discuté avec un étudiant en doctorat qui m'a déclaré sa flamme pour Onfray, tout en soutenant que la pensée de Freud était simpliste...
(J'ai une solide formation de psychanalyste, non pas à l'Université, mais dans une école analytique regroupant des analystes de diverses tendances, ainsi qu'un diplôme de psychologie clinique, orientation psychanalytique. J'ai lu Freud, pas tout, mais beaucoup, et pas qu'une seule fois.)
J'ai mon propre diagnostique du... mal ? de Michel Onfray : il s'est réveillé à quel âge ?, brutalement, en découvrant que le Père Noël n'existait pas. (C'est fou, les dégâts que ça produit chez nos contemporains, de découvrir que le Père Noël n'existe pas COMME ILS VOUDRAIENT QU'IL EXISTE, en tout cas). Il est des gens qui vont.. de messie en messie dans l 'espoir de trouver.. le salut ?, et qui clouent l'idole d'hier à la croix avant de partir à la recherche de celui de demain. Et ainsi de suite. Onfray en fait partie.
Jacques Lacan, issu d'un milieu jésuite, pouvait-il faire autre chose que... école ?
On sait qu'à l'école, il y a des maîtres, et des élèves. (Ne parlons pas des... maîtresses...)
Le besoin de pouvoir des maîtres n'est égalé que par.. le besoin des élèves de rester éternellement élève, pour un grand nombre, en tout cas.
Il ne faut pas sous-estimer l'affect haineux que produit la déception infantile (pas de jugement de valeur dans mon propos sur le mot "infantile").
Comme disait Octave Mannoni dans "Clefs pour l'Imaginaire, je sais bien mais quand-même" : "Qui/que ? croire quand l'autorité est mystification ?" Brusquement se profile...le vide pascalien ?
Il y a un certain temps, j'ai ouvert le Grand Robert étymologique pour regarder le mot "science", et je me suis mise à rêver...
C'est fou, un signifiant... identique qui a pu subir tant de transformations dans son signifié (ne parlons même pas de référent..), avec les âges. Fou, de lire toutes ces définitions, vraiment très éloignées, et me rendre compte qu'elles correspondaient à des dires des personnes en chair et en os à des époques différentes.
Quand on songe que toute "science" venait de Dieu pour nos ancêtres, et que maintenant mon frère de 50 ans renvoie la foi de son père à une histoire de dupes, ou de contes pour enfants, et bien... nous avons fait du chemin, vous ne trouvez pas ? (Je ne sais dans quel sens nous avons fait ce chemin, d'ailleurs...)
Il est bien difficile d'intriquer un Dieu imaginaire à un Dieu symbolique, et Lacan lui-même a lutté contre SON destin de... non dupe...
Etre de chair ? Etre d'esprit ?
Je me bataille avec Descartes en ce moment dans ma lecture, mais je crois que le lien/l'intrication est LE problème pour notre société en ce moment.
Avec le temps, j'ai construit ma petite théorie linguistique..
Si on peut tuer le Roi, on ne peut pas tuer... "le Roi"..
"Aber des Herrn Wort bleibet in Ewigkeit". (Je crois que c'est Isaie, mais je n'en suis pas sûre.)
"Mais le Verbe du Seigneur dure pour toute éternité".
Si on supprime (sans tuer le roi...) "des Herrn", on a toujours... le Verbe dure pour toute éternité.
Comme c'est vrai...si le mot "science" peut être cité.
C'est un rude problème, vous ne trouvez pas, qu'on ne puisse pas tuer.. "Le Roi" ?
Comme l'atteste si bien le dicton "Le Roi est mort, vive le Roi"...
L'assujetissement au signifiant est un lourd fardeau que porte l'humanité, et chaque homme....


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